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240 ans après le délit de blasphème existe encore !

   

   

Le 1er juillet 2006 marquera le 240ème anniversaire de l’exécution du chevalier de la Barre .

Ce jeune homme âgé seulement de dix-neuf ans fut décapité puis brûlé, après avoir eu la langue arrachée, pour ne pas avoir retiré son chapeau devant le passage d’une procession religieuse. On trouva bon de joindre dans le bûcher un exemplaire de sa lecture préférée Le Dictionnaire philosophique de Voltaire. 

Aujourd’hui dans notre République laïque un tel délit ne saurait exister. Grâce au long combat mené pour libérer l’individu de l’emprise du fanatisme religieux, la loi de 1905 a consacré le triomphe de la Raison, en instituant un état sans Dieu, et en octroyant aux citoyens le droit à la liberté absolue de conscience. Les diverses croyances deviennent ainsi des options philosophiques parmi d’autres et la religion une affaire privée.

Notre société a longtemps cru que la laïcité était une valeur établie dans l’esprit de tout un chacun. Mais qu’en est-il vraiment un siècle après la promulgation de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ? 

En France, l’Eglise catholique a fait condamner et interdirela parution d’une affiche publicitaire qui parodiait la Cène peinte par Léonard de Vinci pour le motif qu’elle portait atteinte à la Religion.

Encore en France, le directeur d’un grand quotidien se voit limoger pour avoir commis le crime de publier des caricatures de Mahomet émanant d’un journal danois. 

Serions-nous en train de revivre cette époque du supplice du chevalier de la Barre que nous avons cru révolue avec le rétablissement du délit de blasphème ?

D’ailleurs, tout arrive : le député a déposé une proposition de loi "visant à interdire les propos et les actes injurieux contre toutes les religions".
Le MRAP milite pour une loi contre l’islamophobie …. 

Est-ce à dire que dans notre République laïque des intellectuels comme Salman Rushdie ou Taslima Nasreen pourraient être condamnés ? 
Ceux et celles qui s’y sont essayés, ailleurs, ont perdu la vie comme Théo Van Gogh, d’autres ont risqué leur peau Ayaan Hirsi Ali, Salman Rushdie… Et la classe politique ne réagit pas, elle trouve normal que la simple critique de l’islam entraîne une condamnation à mort ! 
Précisons : nos politiques se montrent plus subtils. Ils condamnent bien sûr la condamnation à mort (qui est en soi indéfendable). Mais ils ajoutent aussitôt : « Mais nous comprenons l’émotion…

Précisons au passage qu’une religion sûre d’elle-même n’a aucun besoin de se défendre par la terreur qu’elle inspire. De plus en plus, notre société se radicalise autour du fait religieux. Les dangers du communautarisme grondent en France et partout dans le monde. 

Les haines et les peurs se développent. Au nom de la défense du sacré, on brûle des ambassades, on assassine des « mécréants », on lance des fatwas contre les « impies » pour qu’on les pourchasse à travers le monde, on lapide ou on brûle des femmes….. 

Ce retour au religieux n’est-il pas l’expression du fascisme, que l’on croyait révolu, présenté avec un nouveau visage ? Il nous est indispensable d’entrer en résistance contre le totalitarisme théocratique en brandissant l’arme avec laquelle nous nous sommes toujours battus : la LAICITE. Nous n’accepterons pas un monde liberticide et inégalitaire générant l’obscurantisme, la haine et la terreur.

   

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